Aéronautique. Turbulences dans le ciel de l’emploi, les syndicats mobilisés

Publié le par angeline351

Aéronautique. Turbulences dans le ciel de l’emploi, les syndicats mobilisés

La filière aéronautique est en crise, touchée de plein fouet par les conséquences de la pandémie. La restructuration du secteur est-elle inéluctable ? Elle menace déjà les emplois chez Airbus et les sous-traitants tel Derichebourg. Les syndicats sont sur leur garde.

 

« La survie d’Airbus est en jeu. » Ce n’est pas un quelconque expert qui le dit, mais Guillaume Faury, le patron du groupe, dans un mail adressé courant avril aux 134.000 salariés. « Nous vivons l’un des plus grands chocs économiques de l’histoire », renchérit-il. Il est vrai qu’Airbus est l’une des entreprises les plus exposées au cataclysme économique provoqué par le coronavirus. Ses clients, les compagnies aériennes, sont quasi à l’arrêt, aux États-Unis, comme en Europe.

Alors face à cette situation inédite, Guillaume Faury utilise les moyens dont il dispose : congés imposés, généralisation massive du chômage partiel et même restructuration de l’emploi. Concernant ce dernier point, ce n’est pas Airbus qui l’annonce mais The Telegraph, mercredi 13 avril. Le quotidien britannique avance le chiffre de 10.000 suppressions d’emploi. Une information que ne confirme pas l’avionneur. « Airbus ne commente pas les spéculations en cours », nous explique la direction, tout en restant vague dans ses intentions : « La compagnie continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer l’avenir d’Airbus en coopération avec ses partenaires sociaux ».

Ces derniers justement affirment qu’un plan de suppression d’emploi n’est pas à l’ordre du jour. « Aucune annonce d’une quelconque négociation n’a été faite dans ce sens », assure Xavier Pétrachi, délégué syndical CGT, à l’issue d’un comité social et économique (CSE) central qui s’est tenu jeudi 14 mai. « Il s’agit de supputations qui s’appuient sur la lettre de Guillaume Faury. Pour l’instant, nous n’avons pas d’information officielle », assure également Jean-François Knepper. Le délégué syndical central FO reste cependant vigilant. « Si il y a un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) on se mettra autour de la table et on gardera la tête froide. Notre objectif est de maintenir les emplois et les compétences. »

Pourtant, selon une source proche de l’avionneur, Airbus préparerait bel et bien un PSE, dont les négociations avec les organisations syndicales débuteraient en juin pour une durée de quatre mois. Selon un chef d’entreprise, qui souhaite garder l’anonymat, ce PSE concernerait entre 5 et 10 % de l’effectif.

Accord de performance collective
Quand Airbus tangue, c’est toute la filière aéronautique qui trinque. Derichebourg Aeronautics Services, qui emploie 1400 personnes à Toulouse, en fait les frais. Selon le syndicat Unsa Aérien SNMSAC [1], la direction aurait, pour faire face à une baisse d’activité de 60 % en avril, proposé deux scénarios aux syndicats lors d’un CSE le mercredi 6 mai : « s’entendre sur un accord de performance collective (APC) avec plan de restructuration inéluctable ou lancer un PSE et aller directement à la restructuration ». L’option 1, assortie de la suppression de 40 % de l’effectif à compter du mois de septembre, a été votée par un seul syndicat, FO. Et s’appliquerait sur les sites de Toulouse, Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Marignane (Bouches-du-Rhône).

« Nous sommes opposés, avec la CFE-CGC, à cet accord car nous ne savons pas ce qu’il contient précisément », explique Philippe Faucard. Mais, pour ce délégué syndical Unsa Aérien SNMSAC cela ne fait aucun doute : « la direction veut revenir sur les acquis sociaux des salariés, tels que le treizième mois et la prime déplacement. Elle veut faire des économies, aller vite pour entamer les négociations. »
Toujours selon ce syndicat, le cabinet Actys Expertises a été mandaté pour étudier les comptes de l’entreprise. Contactée par ToulÉco, la direction n’a pas souhaité faire de commentaires.
Audrey Sommazi

Sur la photo : en 2019, Derichebourg Aéronautique Services avait prévu 300 embauches pour accompagner la croissance de l’entreprise. Crédits : Dericheboug Atis Aéronautique - service communication.

Notes
[1] Syndicat National des Mécaniciens et des Spécialistes de l’Aviation Civile

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