Médicaments dangereux : comment les repérer ?

Publié le par angeline351

Médicaments dangereux : comment les repérer ?

 

Mis en vedette par de nombreuses publicités, certains médicaments vendus sans ordonnance sont pourtant à proscrire. Notre enquête.

 

L’hiver arrive avec ses petits maux : rhume, toux, mal de gorge, état grippal, gastro ou autres troubles digestifs… Pour traiter les pathologies hivernales, les Français sont incités à acheter des médicaments accessibles sans ordonnance.

Les marques sont connues, en raison des campagnes de publicité menées par les laboratoires pharmaceutiques. Les contre-indications et les effets indésirables sont en revanche souvent ignorés des Français. Décryptage.

 

 

 

 

 

• Les médicaments vendus sans ordonnance sont-ils moins dangereux que les autres ?

En principe, oui, dans la mesure où ils sont destinés à traiter de petits maux bénins, pour une durée limitée, sans l’intervention du médecin. Mais, de la théorie aux faits, il peut y avoir un fossé.

Ainsi, dans son nouveau hors-série Se soigner sans ordonnance, 60 Millions de consommateursa évalué 62 médicaments parmi les plus vendus en automédication. Cette évaluation a été menée avec deux spécialistes : Jean-Paul Giroud, professeur de pharmacologie clinique et membre de l’Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne et chercheure à la faculté de médecine de Bobigny (Paris 13).

Le bilan est plutôt refroidissant :

  • Près d’un médicament sur deux (45 %) est à proscrire ! Leur rapport bénéfice/risque est défavorable en automédication.
  • 33 % sont passables. Leur efficacité est faible ou non prouvée, mais ils sont généralement bien tolérés.
  • Seulement 21 % sont à privilégier pour leur rapport bénéfice/risque favorable.

En bonne place de la liste noire figurent des « stars antirhume ». Leur point commun : un cocktail de 2 à 3 composés actifs : un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un ne sont pas justifiés, et ils cumulent des risques de surdosage et d’effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires ou neurologiques, vertiges…).

Conséquences parfois dramatiques

On trouve dans ces médicaments de la pseudoéphédrine. Cette substance est un vasoconstricteur : elle contracte les vaisseaux sanguins et augmente le diamètre des cavités nasales, afin de décongestionner les nez bouchés. Mais étant assimilée par voie orale, elle contracte les vaisseaux sanguins de tout l’organisme. Est-ce bien raisonnable pour un simple rhume ? Clairement, non.

De nombreux autres risques sont ignorés du public. Ainsi, certains sirops contre la toux peuvent altérer la capacité à conduire un véhicule. Chez les femmes enceintes, la prise d’une seule pastille contre le mal de gorge contenant un anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, flurbiprofène…) ou d’un seul cachet d’aspirine peut avoir des conséquences dramatiques (atteintes rénales et cardio-pulmonaires du fœtus qui peuvent être irréversibles, voire mortelles, pour le futur nouveau-né).

• Est-il possible de signaler un effet indésirable ?

Oui. Un nouvel outil a été mis en place en mars 2017 par les autorités sanitaires afin de simplifier ce signalement. 60 Millions appelle donc les consommateurs à signaler tout désagrément lié à la prise d’un médicament sur ce portail de signalement des événements sanitaires indésirables. Une démarche essentielle pour permettre une juste estimation de la fréquence des effets indésirables. C’est d’autant plus nécessaire que les spécialités accessibles sans ordonnance, parfois méconnues des médecins de ville, échappent souvent aux radars de la pharmacovigilance.

• Que risque-t-on à ne pas regarder la notice ?

« Avant de commencer le traitement, lisez toujours la notice », indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Une recommandation pertinente, mais hélas ! rarement suivie. Il faut dire que les notices sont très longues, souvent difficiles à lire tant les caractères sont petits et étroits. Et pourtant, ne pas les lire, c’est un peu jouer à la roulette russe.

Dans la notice, consultez en priorité la rubrique « Quelles sont les informations à connaître avant de prendre… ? ». Vous avez perdu la notice ? Vous pouvez la retrouver dans la base de données publique des médicaments.

• Que signifient les pictogrammes sur les emballages ?

Certains médicaments peuvent engendrer des somnolences dangereuses si l’on est amené à conduire un véhicule : ils seraient responsables de 3 à 4 % des dommages corporels sur la route en France. D’autres sont déconseillés ou formellement contre-indiqués pour les femmes enceintes. Repérez ces pictogrammes sur les emballages : ils constituent un premier indice.

Conduite automobile

Depuis 2008, les laboratoires ont l’obligation d’apposer l’un de ces pictogrammes sur les médicaments susceptibles d’altérer vos capacités à conduire un véhicule ou à utiliser une machine :

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  • Niveau 1 : Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice
  • La notice est supposée vous éclairer sur le risque, a priori faible. Mais, dans la pratique, on n’est pas forcément éclairé sur la « conduite » à tenir. Exemples : Nurofen Rhume et RhinAdvil Rhume (niveau 1) indiquent dans leur notice : « Dans de rares cas, la prise de ce médicament peut entraîner des vertiges et des troubles de la vue. »

  • Niveau 2 : Soyez très prudent. Ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé
  • Le risque est important, mais il dépend aussi de la « réceptivité » du patient. Cependant, le conseil de ne pas conduire sans l’avis d’un professionnel de santé est quelque peu absurde en automédication !

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  • Niveau 3 : Attention danger : ne pas conduire. Pour la reprise de la conduite, demandez l’avis d’un médecin

Les médicaments comportant ce pictogramme ne sont en majorité accessibles que sur prescription. Il s’agit le plus souvent d’anxiolytiques ou de somnifères. Le médecin doit vous informer des délais à respecter avant de reprendre le volant.

Grossesse

Depuis le 17 octobre 2017, les laboratoires doivent apposer les pictogrammes suivants, selon le risque, sur les médicaments présentant un effet tératogène (malformations chez l’embryon) ou fœtotoxique (atteinte du développement du fœtus) :

 

  • Nom du médicament + grossesse = danger

Le médicament ne doit être utilisé que s’il n’en existe pas d’autre disponible, et seulement avec l’accord du médecin.

  • Nom du médicament + grossesse = interdit

Le médicament ne doit en aucun cas être utilisé.

Attention ! Ce pictogramme ne figure pas forcément sur les emballages, car il faut compter avec l’écoulement des anciens stocks, qui peut prendre de trois mois à un an selon les officines. Reportez-vous à la notice, même s’il n’y a pas de pictogramme.

 

Publié dans RAPPEL PRODUITS, SANTE

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