Vaccin Astrazeneca : efficacité, méthode, effets secondaires

Publié le par angeline351

Vaccin Astrazeneca : efficacité, méthode, effets secondaires
Dernières actualités concernant le vaccin Astrazeneca : 
  • La Direction générale de la santé autorise les médecins de ville à vacciner les patients à risque âgés de 50 à 64 ans avec le vaccin Astrazeneca. 
  • L'agence nationale du médicament (ANSM) annonce avoir comptabilisé 149 déclarations d'effets secondaires du vaccin Astrazeneca entre le 6 et le 10 février avec principalement des syndromes grippaux de fortes intensité chez des soignants d'âge moyen 34 ans pour qui le vaccin a été rendu disponible depuis le 6 février. Bien que jugés peu dangereux sur le long terme, ces alertes sont soumis à surveillance et l'agence recommande alors d'échelonner la vaccination chez les personnels soignants d'un même service afin d'éviter que tout un service soit absent en cas de syndrome grippal. 
  • L'Agence européenne du médicament (EMA) a donné son autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour le vaccin Astrazeneca le 29 janvier 2021. Il devient donc le troisième vaccin anti covid-19 disponible dans l'arsenal Européen après le vaccin Pfizer/BioNTech et Moderna
  • Quelques jours après lors d'une conférence de presse virtuelle le 2 février, la HAS, autorité sanitaire française, annonçait comme beaucoup d'autres pays que dans l'Hexagone le vaccin Astrazeneca serait réservé aux 18-65 ans, dans l'attente de recevoir plus de  données aujourd'hui encore insuffisantes pour les populations plus âgées, tout comme les femmes enceintes et personnes imunodéprimées. À noter : l'OMS a annoncé le 10 février que le vaccin pouvait être administré aux plus de 65 ans : "les personnes de plus de 65 ans devraient recevoir le vaccin" a déclaré le président du groupe consultatif d'experts de l'OMS sur la vaccination (SAGE), Alejandro Cravioto. 
  • Un autre doute lié aux manques de données subsiste concernant ce vaccin : son efficacité contre l'émergence des variants et en particulier le variant Sud Africain. Le 7 février, l'Afrique du Sud a annoncé suspendre l'utilisation du vaccin dans sa stratégie vaccinale, une étude ayant montrée une "efficacité limitée contre les formes modérées de la maladie due au variant sud-africain". Toutefois, l'Organisation mondiale de la santé recommande d'utiliser le vaccin de AstraZeneca même dans les pays qui font face à des nouvelles variantes du coronavirus. 

Est-il moins bon que Pfizer et Moderna ? 

Après les annonces des résultats de l’alliance Pfizer/BioNTech et celui de Moderna vantant une efficacité de 90% pour le premier et 94,5% pour le second (données basées sur les communiqués des laboratoires, sans publication dans aucune revue scientifique pour l’instant), AstraZeneca présente des résultats moins impressionnants, mais avec publication détaillée dans une revue scientifique. 

Engagé dans la  course au vaccin contre le Covid-19, le laboratoire AstraZeneca avait annoncé dans un communiqué signé en collaboration avec l’université d’Oxford, une efficacité en moyenne estimée à 70% pour son vaccin en phase clinique III (dernière phase avant demande commercialisation). Des résultats intermédiaires obtenus suite à des essais cliniques menés à grande échelle au Royaume-Uni et au Brésil. Il est le premier vaccin dans la liste des candidats dont le niveau d'efficacité a été confirmée, mardi 8 décembre, par la revue The Lancet

Prix et conservation 

Le vaccin Astrazeneca est moins coûteux que ceux de Pfizer et BionTech (environ 2,50 euros la dose) et plus simple à stocker car il n’a pas besoin d’être conservé à une température très basse. 

Il peut en effet être conservé à la température d'un réfrigérateur classique, soit entre 2 et 8° Celsius, à la différence des vaccins de Moderna et de Pfizer/BioNTech. Ces derniers ne peuvent être stockés à long terme qu'à très basse température (-20° Celsius pour le premier, -70°C pour le second), ne facilitant pas une vaccination à grande échelle.

Dans ses recommandations la HAS a également confirmé que pharmaciens et sages-femmes pourraient participer à la vaccination avec le vaccin Astrazneca étant donné sa facilité de conservation. 

Comment fonctionne ce vaccin ? Quelle est la technologie utilisée ? 

À la différence des vaccins Pfizer et Moderna qui utilisent tous les deux une technologie innovante dites " ARN messager" encore jamais approuvée sur l’homme à ce jour, le vaccin d’AstraZeneca a recours à un procédé traditionnel, à vecteur viral appelé "Covid Shield". 

Baptisé ChAdOx1, lors des phases I et II, puis AZD1222 en phase III, le vaccin Astrazeneca/Oxford est composé d’un adénovirus de

chimpanzé (famille de virus qui se transmet par voie féco-orale), modifié pour être inoffensif pour l’homme. “Nous avons préféré choisir un adénovirus de singe afin que le corps humain n’y ait pas déjà développé une réponse immunitaire”, explique Helen McShane, directrice du Centre de recherche biomédicale d’Oxford (BRC). Dans le génome de ce virus, les scientifiques y ont injecté  un bout d'ADN du coronavirus Sars-COv 2 qui  permet de reproduire  la protéine Spike. Elle est identifiée comme étant la clé qui permet au virus de s’introduire dans les cellules humaines. Ce procédé permet 'entraîner une réaction immunitaire à la fois par la production d'anticorps et par la mise en oeuvre d'une fonction de mémoire de certaines cellules permettant l'activation des défense en cas d'attaque. 

Combien de doses ? 

Le vaccin Astrazeneca contre la Covid-19 est administré par injection intra-musculaire en deux doses. La deuxième devant être faite entre 9 et 12 semaines après la première, selon les recommandations de la HAS lors de la conférence de presse du 2 février 2021. 

Selon le Pr Elisabeth Bouvet, membre de la commission techniques des vaccins à la HAS, des études sont à venir en vue de conseiller  l'administration d'une seule dose pour les personnes ayant déjà eu la Covid-19. Des résultats  auraient montré que les personnes ayant déjà été touchées par le coronavirus aurait obtenu la même efficacité dès la première dose que ceux en ayant reçu deux. Plus de recherches doivent confirmer cette mémoire immunitaire possible. 

Quelle efficacité ? 

Une efficacité à 90 % avec une demi dose et 62 % avec une dose entière

Le vaccin AstraZeneca repose sur deux injections à un mois d'écart. Lors de la phase II, le vaccin Astrazeneca/Oxford avait été testé sur 560 volontaires. Selon la deuxième étude préliminaire clinique publiée par AstraZeneca et l’université d’Oxford, le 23 novembre, dans la revue médicale The Lancet, le vaccin a été testé sur près de 13 000 volontaires et a obtenu une moyenne d'efficacité de 70%. Des résultats validées ensuite par la revue scientifique le 8 décembre.

Mais depuis leur publication, ces résultats posent problème. Le vaccin a d’abord montré une efficacité de 90% sur un premier échantillon de 3 000 personnes puis cette efficacité est descendue à 62 % lors d’un nouveau test chez un autre groupe de près de 9 000 volontaires.

Les explications révélées dans un articles de la BBC, expliquent que dans le premier groupe où le vaccin a été efficace à 90%, les volontaires ont reçu, par erreur, une demi dose seulement en premier, puis une dose entière un mois plus tard. Et dans le groupe qui a obtenu 62%, les volontaires ont reçu leurs deux injections chacun avec la dose entière.

Une plus grande efficacité obtenue donc, par erreur, sur laquelle le laboratoire a annoncé devoir se pencher afin de comprendre pourquoi avec une demi dose sur les deux injections, la réponse immunitaire a été la plus forte. 

C’est donc sur cet écart d’efficacité entre les deux tests que le laboratoire doit se pencher. 

Lors d’une conférence de presse, Andrew Pollard, professeur à l’université d’Oxford a expliqué que l’hypothèse principale est qu’une dose plus petite du vaccin, puis une autre plus grande par la suite permettrait une meilleure imitation de l'intrusion du virus dans l'organisme et donc une meilleure réaction du système immunitaire pour se défendre. 

Selon les résultats publiés dans The Lancet, la réponse immunitaire est la même chez les sujets jeunes et âgés. Un point positif car "les adultes les plus âgés ont un risque décuplé de faire une forme grave de Covid-19, et il est donc essentiel qu'un vaccin destiné à lutter contre cette maladie soit efficace dans ce groupe de population", commentent les scientifiques. Mais une limite à cet avantage a été ajoutée dans l’étude, car parmi les volontaires, les plus vieux avaient 74 ans et étaient en bonne santé. Cela ne constitue pas un échantillon suffisamment représentatif de la population senior. Plus de recherches doivent être menées sur ce point pour élargir les données à des personnes avec des problèmes de santé et donc plus à risque encore de forme grave de Covid-19.

Pour qui est-il recommandé ? 

Lors de la conférence de presse du 2 février, le Pr Elisabeth Bouvet de la HAS a expliqué qu'il y avait eu une étude plus large étude sur les personnes âgées entre 18 et 65 ans et une autre avec des personnes de moins de 65 ans, permettant de confirmer une efficacité pour ces catégories de personnes. En revanche, "il manque des données concernant les populations âgées de plus de 65 ans qui devraient arrivés dans les semaines à venir, mais dans cet intervalle nous le recommandons uniquement pour les 18-65 ans".

Bien que la France n'a pas décidé de recommander le vaccin aux plus de 65 ans, l'OMS a rendu un avis favorable le 10 février : "les personnes de plus de 65 ans devraient recevoir le vaccin" a déclaré le président du groupe consultatif d'experts de l'OMS sur la vaccination (SAGE), Alejandro Cravioto. 

Par manque de données également, le vaccin n'est pas recommandé aux femmes enceintes, ni aux personnes immunodéprimées. 

En attendant qu'il y ait assez de doses pour tout le monde voici l'ordre de priorité de vaccination pour le vaccin Astrazeneca : 

  • Les professionnels de santé les plus exposés. 
  • Les personnes âgés entre 50 et 65 ans avec comorbidités puis ceux de cette tranche d'âge sans comorbidités. 

Efficace contre le nouveau variant ? 

Selon le directeur général d'AstraZeneca Pascal Soriot interviewé par le Sunday Times sur le variant britannique, "nous pensons pour l'instant que le vaccin devrait rester efficace" contre le nouveau variant"Mais on ne peut pas en être sûr donc nous allons faire des essais". Il a assuré que de nouvelles versions étaient en cours au cas où, tout en espérant ne pas en avoir besoin: "Il faut être préparé". 

Lors de la conférence de presse de la HAS, le Pr Daniel Floret, quant à lui, expliqué qu'une étude menée en Afrique du Sud ne précisent pas de quel variant il s'agissait aurait montré une efficacité plus réduite, mais les données peu nombreuses. Le scientifique a affirmé qu'il ne pouvait y avoir aucune confirmation encore sur une efficacité ou non du vaccin Astrazeneca contre le variant étant donné le manque d'étude pour l'instant. 

Quelques jours plus tard, l'Afrique du Sud a annoncé suspendre l'utilisation du vaccin Astrazeneca dans sa stratégie vaccinale suite à cette étude dont on connait un peu plus de détails. Menée par l'université du Witwatersrand à Johannesburg sur 2000 volontaires âgés de 31 ans en moyenne, la recherche annonce "une protection limitée contre les formes modérées de la Covid-19 liée au variant sud-africain chez les jeunes adultes".  Seulement 22% d'efficacité sont rapportées contre les formes modérées et aucune donnée n'est disponible sur les formes graves. Il s'agit de la seule étude sur très peu de personnes avec une fourchette d'âge peu large également plus de recherches doivent être menées. 

Toutefois, le 10 février, l'Organisation mondiale de la santé recommande d'utiliser le vaccin de AstraZeneca même dans les pays qui font face à des nouvelles variantes du coronavirus. Suite aux premières données d'essais en Afrique du Sud montrant que le vaccin offrait une "protection minimale", le directeur de la vaccination de l'OMS, le Dr. Katherine O'Bien, a déclaré de son côté que l'étude sud-africaine "n'était pas concluante" et qu'il était "plausible" que le vaccin prévienne encore une maladie grave. "Il n'y a aucune raison de ne pas recommander son utilisation, même dans les pays où la variante est en circulation" a indiqué le Dr. Alejandro Cravioto, le président de Sage, le groupe stratégique consultatif d'experts de l'OMS sur la vaccination, en conférence de presse selon la BBC. 

Du côté du laboratoire, une nouvelle forme du vaccin contenant une séquence du variant Sud-Africain serait en préparation par le laboratoire Astrazeneca. 

Quels effets secondaires ? 
Des syndromes grippaux de fortes intensité

Dans son bilan de pharmacovigilance hebdomadaire mis en place depuis le début de la vaccination, l'ANSM rapporte qu'entre le 6 et le 10 février il y a eu 140 déclarations de syndromes grippaux de fortes intensité (fièvre élevée, courbatures ou céphalées). "La plupart des cas ont été rapportés chez des professionnels de santé d’âge moyen de 34 ans."

Sur la totalité des 10 000 injections cela représente peu de déclaration d'effets secondaire, d'autant qu'ils font partis des effets indésirables connus et jugés peu dangereux. "Néanmoins, ces déclarations de pharmacovigilance constituent un signal potentiel et font l’objet d’une surveillance particulière par les CRPV et l’ANSM au regard notamment de l’intensité de ces effets", explique l'ANSM.                                                                                 Le retard de livraison des doses

Alors que l'autorisation conditionnelle de mise sur le marché par l'Agence du médicament européenne a été donnée comme prévu le 29 janvier, le laboratoire Astrazeneca a annoncé vendredi 22 janvier à l'AFP un retard de livraison en raison "d'une baisse de rendement" dans une usine européenne.

 
 

Une annonce qui a immédiatement suscité des inquiétudes de la part des autorités sanitaire Européennes et des états membres alors qu'une nouvelle course contre la montre s'est engagé dans le cadre de la pandémie entre campagne vaccinale et propagation des nouveaux variants anglaissud-africainbrésilien et maintenant californien. D'autant que des retards ont également été annoncés du côté de Pfizer. 

En tout, 400 millions de doses ont été commandées par la Commission Européenne. Le ministre Autrichien de la Santé Rudolf Anschober a déploré sur Twitter un retard avec une conséquence entraînant une livraison en février de 340 000 doses au lieu de 650 000. La commission européenne, peu satisfaite des explications du laboratoire, a fait saisir et demandé l'inspection des données jeudi 28 janvier.

Une pression supplémentaire a été effectuée avec la publication du contrat  signé avec le laboratoire en août 2020. On peut y lire que la production est assurée par 2 usines britanniques et 2 européennes et toutes doivent contribuer à l'effort de chacun. Or le Monde rapporte que Pascal Soriot, président directeur général français d'Astrazeneca aurait expliqué devoir garder les doses produites au Royaume-Uni, pour le Royaume-Uni seulement. Des déclarations immédiatement contestées par l'Union Européenne qui réitère que les usines anglaises doivent, elles aussi, participer à l'effort pour l'Europe. 

La vaccin Astrazeneca ayant été principalement mis à disposition des soignants de moins de 64 ans, les établissements de santé ont été prévenus et ont désormais pour recommandation d'échelonner les vaccinations de soignants d'un même service pour éviter que tous soient absents en même temps en cas d'effets indésirables. 

Des essais arrêtés, puis repris suite au "déclenchement d’une maladie inexpliquée"
Le 8 décembre la revue The Lancet a qualifié le vaccin de "sûr" avec un seul patient sur les 23 754 participants ayant développé "un effet secondaire sérieux possiblement lié".  

Le 9 septembre 2020, Astrazeneca avait annoncé avoir suspendu volontairement les essais pour son vaccin candidat dans un communiqué suite au "déclenchement d’une maladie inexpliquée sur l’un des volontaires durant la phase III des essais cliniques". Aucun détail de plus n’a été communiqué par le laboratoire concernant le cas du patient. "Il s’agit d’une étape classique, avait expliqué le laboratoire dans son communiqué. Au cours de grands essais cliniques des effets secondaires se déclarent et nous devons les étudier avec précaution et indépendamment du reste. La sécurité de notre travail étant la priorité".

Trois jours après, le 12 septembre, un nouveau communiqué annonçait la reprise des essais en Grande-Bretagne autorisée par la Medecines Health Regulatory Authority (MHRA), autorité sanitaire anglaise ayant jugé les données de sécurité suffisantes pour poursuivre les tests. Dans un article mis à jour le 17 septembre, le New York Times, explique qu’une source proche du dossier leur aurait révélé qu’il s’agissait d’une une myélite transverse, maladie neurologique rare provoquée par une inflammation touchant la moelle épinière avec affectation des fonctions motrices. Néanmoins, les journalistes américains précisent qu'aucune information ne leur a permis de savoir le timing du diagnostic et s’il était lié au vaccin ou non.

"AstraZeneca et l’université d’Oxford, en tant que commanditaire de l’essai, ne peuvent pas divulguer d’autres informations médicales", a déclaré le laboratoire essuyant des critiques de la communauté médicale pour son manque de transparence quant à l’évaluation du risque détecté. Dans un billet pour le magazine Forbes, William A.Haseltine, médecin et ancien professeur à la Harvard Medical School a regretté que les détails de l’investigation n’aient pas été révélés. : “C’est bien de montrer que les essais sont suspendus pour la sécurité des patients, mais le manque de transparence de la part du laboratoire pharmaceutique appelle à la prudence.”

Après la validation du vaccin sur le marché, Elisabeth Bouvet, membre de la HAS a confirmé deux cas de myélite et un autre de maladie neurologique "de type sclérose en plaques". Une étude par des groupes indépendants auraient confirmé qu'il n'y avait pas de lien avec le vaccin étant donné la présence de lésions antérieures à la vaccination. 

Autre réserve : aucun vaccin avec un adénovirus de chimpanzé comme vecteur et non celui d’un adénovirus humain n’a encore été validé. Aucun historique d’étude ne permet de renseigner sur d’éventuels risques pour l’homme.

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