Apprentissage : dans les lycées professionnels, la colère monte
Apprentissage : dans les lycées professionnels, la colère monte
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Apprentissage : dans les lycées professionnels, la colère monte C’est une critique lourde contre un projet-phare du gouvernement. Les enseignants des lycées professionnels publics sonnent la charge contre l’apprentissage. Dans un communiqué , plusieurs syndicats qui représentent 70 % des enseignants des lycées professionnels (SNETAA-FO, CGT, SNUEP-FSU, SNCL-FAEN, SPEIN, SIES) « condamnent le développement de l’apprentissage » qui fait peser, selon eux, « de graves menaces sur l'enseignement professionnel public ». La FSU a, depuis, lancé un appel à la grève pour le 3 février, dans lequel le SNUEP-FSU portera cet argument. L’objectif de la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, en phase avec le plan gouvernemental, est d’augmenter de 50 %, d’ici à 2017, le nombre d’apprentis formés dans les établissements publics (de 40.000 à 60.000). Le désaccord entre syndicats et gouvernement est profond. Pour ce dernier, l’apprentissage est « le ressort de la compétitivité future ». Il « n’est ni la solution au chômage des jeunes » ni un moyen d’ « insertion durable dans l’emploi », rétorquent les organisations syndicales. Plus qu’une « opposition stérile » à l’apprentissage, « on craint la fragilisation » de l’enseignement professionnel public, plaide le secrétaire général du SNUEP-FSU, Jérôme Dammerey. Les syndicats demandent à la ministre de « changer sa politique à l’égard des lycées professionnels publics ». Conditions de travail et d’étude dégradées Parmi les « menaces » qu’ils voient planer, figure d’abord « le mixage des parcours et des publics » qui « dégrade les conditions de travail (des enseignants) et les conditions d'études des lycéens ». Ce mixage des publics correspond au regroupement, dans une même classe, d’apprenants de statuts différents - élèves, apprentis, etc. Najat Vallaud-Belkacem entend « développer les possibilités de parcours mixtes avec des passages entre la voie scolaire et l’apprentissage ». Cela « sécurise » l’élève ou l’apprenti qui, en cas de rupture de son contrat d’apprentissage, peut reprendre son parcours de formation sous statut scolaire et décrocher son diplôme, plaide le ministère. « Comment enseigner véritablement quand le groupe classe n’est jamais le même ? Avec des élèves de statuts et d’âges différents ? » rétorque la FSU. Celle-ci s’inquiète d’une autre « menace sur le statut des enseignants des lycées professionnels comme fonctionnaires d’Etat ». Cette question « risque de se poser à terme » avec la montée en force du rôle des régions sur la formation professionnelle, estime Jérôme Dammerey. L’entourage de Najat Vallaud-Belkacem « assure » cependant qu'il n’est « absolument pas » question de faire passer les professeurs de lycées professionnels sous statut régional. Quant à l’autre grief avancé par les syndicats, celui d’une absence de moyens supplémentaires pour accueillir les jeunes « décrocheurs » qui ont désormais un droit de retour en formation initiale et pourraient ainsi charger davantage les classes, le ministère ne redoute pas un afflux de jeunes, mais craint plutôt qu’ils ne soient pas assez nombreux à en faire la demande. Le jeu des questions et réponses entre syndicats et ministère ressemble à une partie de ping-pong qui montre que la réconciliation entre l’école et le monde professionnel est loin d’être acquise.
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