LE PATRON DU MEDEF JOUE AVEC LES EMPLOIS

Etape 20: contre la montre individuel à Grenoble (Isère)

> LE PATRON DU MEDEF JOUE AVEC LES EMPLOIS

«Le président du Medef de l’Isère a changé en février, raconte Jean-Pierre Gilquin, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Isère. C’est le patron de King Jouets, une boîte familiale. Il venait à peine d’être élu qu’il a lancé son premier plan social, symboliquement c’est assez fort.»

 

   

Créé il y a 20 ans, ce groupe, qui emploie 1.200 salariés, est l’un des leaders européens de la distribution de jeux et jouets. Outre la vente en gros pour les professionnels, il possède 190 magasins ouverts aux particuliers dont la chaîne de boutiques Joupi. Son siège est situé à Voiron, dans la banlieue de Grenoble où se déroulait le contre la montre individuel du Tour de France le 23 juillet.

Le PSE a touché les établissements Gueydon, filiale logistique de King Jouet, située à Rives. 8 emplois sont supprimés sur 72, soit 10% des effectifs. «Le 20 juin, jour du comité d’entreprise extraordinaire, une centaine de salariés se sont mobilisés, explique Roberto Fiorini, délégué syndical FO, le seul syndicat représenté dans l’entreprise. Ça a été la première grève dans l’histoire de l’entreprise.» Si les suppressions de postes n’ont pas pu être évitées, la mobilisation des salariés a permis la mise en place d’un plan de départs volontaires. Au final il n’y a eu que 3 départs subis au lieu de 8.

«Selon la direction, la restructuration est inévitable car le groupe perd 5 à 6 millions d’euros par an depuis 2008, ajoute Roberto Fiorini. Mais c’est surtout la loi de modernisation de l’économie qui nous a fragilisés en réduisant les délais de paiement de 120 à 60 ou même 45 jours. D’un coup, il a fallu trouver 2 mois de trésorerie supplémentaire.»

16 magasins ont déjà fermé en 3 ans. Les départs ne sont plus remplacés, qu’il s’agisse de retraites ou de ruptures conventionnelles. Pour ceux qui restent, la charge de travail augmente, tout comme les impératifs de rentabilité.

Après les fêtes de fin d’année, qui constituent 50% du chiffre d’affaires de l’entreprise, les grossistes pourraient à leur tour faire les frais de ce plan d’économie. King Jouets envisage aussi de se désengager des activités les moins rentables comme l’arbre de Noël des comités d’entreprise. «L’injustice, c’est qu’ils licencient mais continuent de faire appel à des intérimaires car ils veulent plus de flexibilité, ajoute le délégué FO. On en aura 75 au plus fort de la saison en octobre/novembre, ça double les effectifs.»