Covid-19: Les pays qui ont su gérer la crise… et les autres

Publié le par angeline351

Covid-19: Les pays qui ont su gérer la crise… et les autres

Vie normale", déconfinement par étapes ou crainte du pire… De la Chine à l'Occident, en passant par l'Inde, un état des lieux sanitaire et économique face à la pandémie de Covid. Et une autopsie des stratégies.

Difficile pourtant de faire comme si la pandémie était dernière nous. Chaque semaine, Florent Menegaux, président de Michelin, un groupe présent dans 174 pays, reçoit un rapport détaillé de la situation mondiale, qui douche cette vision optimiste: "En Inde ou en Amérique du Sud, la crise est hors de contrôle. Et si, en Asie, la Chine a éradiqué le virus, en

Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie, cela repart… Quant à l'Europe, je ne fais pas de distinction entre les pays: ils ont tous mis l'épidémie en mode “pause”, avec un consensus pour ne pas stopper l'économie. Il n'y a qu'aux Etats-Unis où l'activité reprend franchement." Non sans avoir affiché auparavant le pire score des grandes zones géographiques en termes de mortalité (1,6 mort pour 1.000 habitants, contre 1,1 en Europe). Et si la Chine, la Corée, Singapour… font figure d'exemples, ils ont recours à des mesures que nos codes occidentaux ne veulent pas envisager.
Les Etats-Unis devant l'Europe
C'est toute la difficulté d'exercer un benchmark de la manière dont les différents pays ont affronté la crise du Covid-19. La réponse ne peut être seulement sanitaire. Elle doit prendre en compte les dégâts sociaux, psychologiques, éducatifs et, bien entendu, économiques. Sur ce dernier plan, si l'on regarde le cumul entre la chute de l'activité en 2020 et les perspectives de rebond estimées par l'OCDE en 2021, les seules zones qui affichent une situation positive par rapport à 2019 sont la Chine (+10%) et les Etats-Unis (+3%), la dégradation actuelle en Inde annulant les prévisions optimistes pour le sous-continent. En revanche, l'effet de la pandémie laisse l'ensemble des économies européennes en territoire négatif (-2,8% pour la France, -3,1% pour l'Union). De quoi motiver une forme d'agacement du ministre français de l'Economie devant les atermoiements de Bruxelles: "Nous ne pouvons pas avoir les Etats-Unis qui relancent et l'Union européenne à l'arrêt, ce serait inacceptable", s'est ainsi emporté Bruno Le Maire le 27 avril.

L'économie avant les déficits
Pourtant, son collègue allemand, au côté de qui il avait présenté la veille les 727 pages de documents pour débloquer les fonds européens, conserve, lui, son sang-froid: "Cessons d'être fascinés par les Etats-Unis et concentrons-nous sur nos forces, a martelé Olaf Scholz dans Le Figaro. Nous avons massivement protégé nos entreprises et nos salariés grâce à nos systèmes sociaux."

Globalement, les déficits publics ont effectivement plongé (-7,5% du PIB de l'Union européenne) et les opinions publiques en redemandent: 60% des Français souhaitent que "la priorité reste au soutien à l'économie “quoi qu'il en coûte”", et seulement 36% privilégient la maîtrise des déficits (sondage OpinionWay pour Les Echos). Plus précisément, le pouvoir d'achat des ménages européens a été préservé (+0,6% en France en 2020), un résultat exceptionnel compte tenu de l'intensité du choc. Et alors que la chute du PIB a été en France quatre fois plus profonde que lors de la crise de 2008, l'impact sur l'emploi a été limité à un même niveau (-1%).

"La stratégie du “quoi qu'il en coûte” n'a finalement pas “coûté” si cher , observe l'économiste Jean Pisani-Ferry. Le recours européen au chômage partiel est un outil très puissant, car il est doublement efficace: il protège les revenus et il rassure tous les agents économiques." Et l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron de souligner combien la réponse américaine s'est révélée peu pertinente: "Pour compenser l'absence de chômage partiel, l'Etat fédéral a versé des chèques… qui ont gonflé les comptes en banque: le taux d'épargne américain est monté jusqu'à 16% à l'été. Du jamais-vu outre-Atlantique!"

Pour un coût deux fois moins élevé pour la collectivité, "la capacité de rebond est là partout en Europe, constate Benoît Cœuré, l'ancien membre directoire de la Banque centrale européenne, qui a piloté une mission d'évaluation des mesures de soutien financier aux entreprises. A l'inverse de 2008, où la crise financière avait affecté la capacité des banques à financer l'économie. Quant à la France, elle a plutôt mieux soutenu les ménages que ses voisins - le chômage partiel y était, par exemple, plus généreux qu'en Allemagne - et se retrouve dans la moyenne européenne pour les politiques d'aide aux entreprises, même si leur taux de marge s'y est davantage dégradé." Et, une fois n'est pas coutume, un coup de chapeau à l'administration lui a été décerné: "Elle s'est montrée efficace en déployant vite et bien sa boîte à outils très diversifiée."

La relance après l'urgence
Ce satisfecit sur les mesures d'urgence se retrouvera-t-il au moment d'évaluer les différents plans de relance? Alors que tout le monde plaide pour une hausse des montants à mettre en œuvre, Jean Pisani-Ferry relativise ce sentiment général en convoquant l'histoire: "Les économies européennes se sont relevées après la Seconde Guerre mondiale avec un effort finalement assez limité du plan Marshall. Pour les Etats concernés, cela ne représentait que 2,5% du PIB, deux ou trois fois moins que ce que certains pays vont consacrer en mesures de soutien. En réalité, les incitations du plan Marshall étaient particulièrement bien ciblées, condition de l'efficacité d'un tel effort." Et, pour ce qui concerne la France, il s'était déroulé dans un climat de concorde nationale, de la CGT au CNPF. Peu probable que l'on retrouve aujourd'hui cet ingrédient inestimable en année préélectorale!

D'une manière générale, les pays qui ont le mieux géré la crise sont de petite taille, faiblement peuplés, disposant d'un régime politique efficace (voire autoritaire) et bénéficiant d'une bonne cohésion sociale. Les outils utilisés sont partout les mêmes: confinement, arrêt des activités, fermeture des frontières, isolement. Dans ce classement, la France n'apparaît qu'à la 71e place, ce qui a provoqué le courroux d'Emmanuel Macron: "Quand on compare la France avec la Nouvelle-Zélande, ça n'a aucun sens. On n'est pas une île qui a la population de Lyon et qui peut s'isoler."

Selon ce classement, les pays riches ne s'en sortent pas forcément mieux que les pays pauvres. Nombre de pays africains ont réussi à stopper la pandémie. En revanche, les Etats-Unis arrivent en 96e position, entre la Bolivie et l'Iran. C'est le pays qui porte le plus lourd bilan, avec plus de 570.000 décès attribués au Covid-19. En réalité, ce classement, au demeurant instructif, n'a pas grand sens dans la mesure où toutes les zones du globe n'ont pas été touchées de la même façon. Une chose est sûre, comme l'a noté le think tank australien, "certains pays ont mieux géré la pandémie que d'autres, mais la plupart se sont distingués par leurs mauvais résultats".
 

 

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