L'idée d'une retraite par étape fait son chemin en France

Publié le par angeline351

L'idée d'une retraite par étape fait son chemin en France

Travailler plus longtemps mais avec des horaires allégés… De plus en plus d'actifs français y pensent pour assurer leurs vieux jours.

La vision de la retraite est en train de changer en France. Les salariés s'interrogent de plus en plus sur leur capacité à financer leurs vieux jours. 58% des actifs interrogés sont ainsi inquiets à l'idée de ne pas pouvoir subvenir à leurs besoins quotidiens. C'est aussi le cas de 54% des retraités sondés. A tel point que de plus en plus d'actifs envisagent un passage plus progressif entre le monde du travail et la retraite pure et simple. C'est ce qui ressort du deuxième volet de l'étude HSBC* sur l'avenir des retraites publiée ce mercredi 29 avril et conduite dans près de 15 pays. Voici les 5 principaux enseignements de cette enquête pour l'Hexagone.

1. Vers une retraite plus progressive

Aujourd'hui, un actif sur trois en France envisage de jouer les prolongations dans le monde du travail. 32% des personnes interrogées sont ainsi prêtes à travailler moins d'heures, quitte à changer d'activité, pour assurer une transition en douceur entre un temps plein et une retraite sans aucune activité. L'allongement de la durée de vie et les problématiques du financement de la dépendance n'y sont sans doute pas pour rien. Rappelons, que d'après les dernières données de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), les retraités du privé touchent en moyenne 1.032 euros par mois au titre du régime général. Et seulement 43% d'entre eux ont cotisé à plusieurs régimes de retraite durant leur carrière.

L'idée d'une retraite par étape est plutôt une nouveauté car seulement 7% des retraités actuels ont connu une retraite progressive, selon l'enquête HSBC. D'ailleurs, cette tendance est légèrement plus prononcée chez les jeunes générations. 35% des 25-44 ans prévoient un départ à la retraite en "douceur" avant un arrêt d'activité complet, contre 30% des 45 ans et plus. Parmi ceux qui estiment nécessaire une telle démarche, 57% souhaiteraient conserver le même poste, tout en travaillant avec des horaires allégés et 26% voudraient changer d'activité tout en réduisant leur temps de travail.

A ce titre, les Français, qui ne sont que 32% à envisager une retraite progressive, sont plutôt une exception puisque dans le monde, 56% des actifs planifient une telle transition. Ils sont par exemple 42% aux Etats-Unis, 51% en Australie ou encore 62% à Singapour.

2. Des futurs retraités plus hédonistes

Dépenser sans compter après une dure vie de labeur ou continuer à économiser en vue de transmettre un patrimoine à ses enfants? Cette question taraude l'esprit des actifs français. 21% d'entre eux estiment qu'ils n'ont pas de compte à rendre et préfèreront dépenser toutes leurs économies plutôt que d'être les plus riches du cimetière. Ils estiment que c'est à la génération suivante de construire son propre patrimoine.

12% des actifs interrogés sont de l'avis opposé et prévoient d'économiser le plus possible pour leurs descendants. Les deux tiers qui restent cherchent plutôt un équilibre et prévoient de dépenser un peu d'argent tout en transmettant un patrimoine. D'ailleurs, 64% des actifs souhaitent laisser un héritage à leurs enfants.

D'un pays à l'autre, l'état d'esprit peut grandement varier. Ainsi, les actifs hongkongais sont les moins généreux, avec 28% des sondés qui comptent dépenser tout leur argent une fois à la retraite. Inversement, ce sont les Indonésiens qui souhaitent le plus épargner pour aider leurs enfants quand ils ne seront plus de ce monde.

3. Un soutien financier aux proches très courant

L'aide financière au sein des familles reste quoi qu'il en soit la norme. 60% des actifs français apportent un soutien financier régulier à un proche ou plus. Les enfants sont bien évidemment les plus concernés. Mais les conjoints et même les parents ne sont pas oubliés, comme le montre le schéma ci-dessous.

Les retraités aussi donnent régulièrement un coup de pouce. Plus de la moitié d'entre eux (53%) sont dans ce cas, dont 24% pour aider leurs enfants pourtant majeurs.

4. Des aspirations parfois trop ambitieuses

La retraite se révèle parfois être une période un peu fantasmée. Si la plupart des retraités ont la possibilité de passer plus de temps avec leurs amis et leur famille, de jardiner ou de faire plus d'exercice, certaines aspirations sont plus difficiles à réaliser. C'est le cas pour les "grands voyages" ou la création d'entreprise.

Aussi, 75% de nos têtes grises assurent ne pas avoir réussi à réaliser l'un de leurs désirs depuis qu'ils sont à la retraite. Les déceptions sont plus nombreuses du côté des femmes. 34% d'entre elles n'ont pas réussi à réaliser leur rêve de grands voyages par exemple, contre 28% des hommes. De même, 27% des femmes retraités n'ont pas pu prendre souvent des vacances comme elles l'auraient souhaité, contre 23% des hommes. Les inégalités de revenus expliquent sans doute en partie ce constat. Moins payées que les hommes pendant leur vie active, les femmes se retrouvent ensuite avec des moyens plus limités à la retraite. Leurs homologues masculins touchent ainsi 1.123 euros mensuels du régime général, toujours selon la Cnav, quand elles plafonnent à 921 euros par mois en moyenne.

Les destinations plébiscitées pour une retraite au soleil

Déménager après avoir arrêté de travailler et s'installer dans des contrées plus clémentes, c'est le souhait partagé par 40% des actifs. On imagine sans mal une partie des salariés de la région parisienne qui, lassés de la grisaille, rêvent de changer d'air pour s'installer dans le Sud. Comme le soulignait une récente étude de l'Insee sur les déménagements entre régions, l'Ile-de-France attire en effet beaucoup plus les étudiants et les actifs que les jeunes retraités. Parmi les actifs interrogés par HSBC qui ont des envies d'ailleurs, 41% des sondés estiment que la recherche d'un climat plus agréable constitue une source de motivation. La qualité de vie est aussi importante dans le choix de leur futur lieu de résidence. 55% des actifs souhaitent un mode de vie plus tranquille et 33% un coût de la vie moins élevé.

Au total, 16% des actifs pensent même changer de pays pour profiter de leurs vieux jours. Les pays de destination privilégiés sont le Portugal (20% de ceux qui veulent partir à l'étranger), la Thaïlande (20%) et l'Espagne (16%). Entre les espoirs affichés et la réalité, il y a néanmoins parfois une notable différence. D'après les données de la Cnav diffusées fin mars, seulement 10% des retraités percevant une pension française vivent actuellement à l'étranger. Le premier pays d'accueil est l'Algérie. Viennent ensuite l'Espagne, le Portugal et l'Italie. Cette divergence avec les données de la Cnav provient certainement du fait que l'étude HSBC se concentre uniquement sur les actifs français. Elle ne prend pas en compte les étrangers qui bénéficient d'une pension française après avoir suffisamment cotisé dans l'Hexagone.

Dans le reste du monde, 17% des actifs se préparent également à changer de pays lorsqu'ils seront à la retraite. Les destinations plébiscitées sont l'Amérique du Nord et l'Océanie. Près d'un actif sur cinq dans le monde qui désire passer sa retraite à l'étranger souhaiterait s'installer aux Etats-Unis. Chacun veut sa part de l'American dream, même les futurs retraités.

L'enquête "Future of Retirement" de HSBC a été réalisé d'août à septembre 2014 par l'institut Ipsos Mori qui a interrogé 16.000 personnes de 15 pays différents (Australie, Brésil, Canada, France, Hong Kong, Inde, Indonésie, Malaisie, Mexique, Singapour, Taïwan, Turquie, Emirats arabes unis, Royaume-Uni et Etats-Unis). Les échantillons sondés sont représentatifs de la population active de plus de 25 ans et des retraités de chaque pays. 

 

Publié dans RETRAITES

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